La situation actuelle : « papy krach », retraite et innovation
Ceci est un article issu de livre L'essentiel de l'histoire économique publié en 2017 par Arnaud Labossiere.
Le vieillissement démographique du Nord : le « papy krach »
Dirk VAN DE KAA et Ron LESTHAEGHE parlent à propos de la situation actuelle d’une « seconde transition démographique » (Deux transitions démographiques ?, 1986). Celle-ci consiste en un vieillissement de la population du fait d’une natalité faible et d’une espérance de vie de plus en plus longue.
En 2012, l’espérance de vie d’un Français était de 78 ans pour un homme et de 85 ans pour une femme. Le taux de fécondité est d’environ 2 enfants par femme (soit presque le seuil de renouvellement : 2,1), contre 1,3 en Allemagne. Le mariage tardif, la contraception et le travail des femmes sont des facteurs explicatifs du recul du taux de fécondité.
Dans les PDEM, l’immigration constitue aujourd’hui une solution pour faire face au recul démographique. Le Rapport des Nations Unies sur la « migration de remplacement » (2000) s’interrogeait sur l’immigration comme moyen de remédier au vieillissement accentué de la population dans les pays du Nord et de rééquilibrer leur pyramide des âges. En France, l’immigration se poursuit avec environ 250 000 arrivées chaque année. Le flux est plus important en Allemagne qui, avec une population supérieure (80 millions contre 67), accueille annuellement près de 500 000 immigrés.
La question des retraites
La question des retraites est le corollaire du vieillissement démographique. Gaël DUPONT et Henri STERDYNIAK (Quel avenir pour nos retraites ?, 2000) montrent que la part des retraites dans le PIB passera de 13 % en 1997 à 20 % en 2040. Ils proposent dès lors quatre solutions : l’augmentation des cotisations ; le recul de l’âge de la retraite ; le passage à un système de retraite par capitalisation ; la diminution du montant des retraites.
La problématique a déjà un certain âge. Le Livre blanc sur les retraites de Michel ROCARD donne l’alerte dès 1991, et Édouard BALLADUR fait passer en 1993 une première réforme du système de retraite. Les réformes les plus récentes sont celles des gouvernements FILLON (en 2010) et AYRAULT (en 2012). La situation reste malgré tout préoccupante : il y aura, d’après les prévisions, 2,5 inactifs pour 4 actifs en France en 2050. À titre de comparaison, il y aura 1 inactif pour 3 actifs en Chine.
L’immortalité et ses enjeux économiques
D’après l’entrepreneur et médecin Laurent ALEXANDRE (La mort de la mort, 2010), l’humanité est à la veille d’une révolution démographique grâce au recul de l’espérance de vie. Il estime ainsi que « l’être humain qui vivra mille ans est déjà né », grâce à la rencontre de la biologie, de l’informatique, des nanotechnologies, qui sera à l’origine d’avancées spectaculaires. La réussite du Projet Génome humain, le premier séquençage d’ADN humain, marque un tournant : les résultats permettront potentiellement de mieux prévenir et guérir certaines maladies.
Pour cet auteur, les quatre avancées majeures seront la thérapie génique, qui consiste à changer l’ADN d'une personne pour la soigner ; les nanotechnologies, grâce auxquelles il sera possible de diffuser des robots miniatures dans le corps pour détruire les toxines et renforcer les organes ; la biologie de synthèse, pour créer la vie ex nihilo ; et le clonage thérapeutique, pour recréer les organes à partir de cellules souches.
Les grands groupes du numérique s’intéressent beaucoup aux biotechnologies. Calico, par exemple, filiale de Google, a ni plus ni moins pour objectif que de mettre fin à la mort. Cette évolution entraîne des questionnements éthiques autant qu’elle crée de nouvelles contingences matérielles et financières : comment le système de retraite va-t-il fonctionner ? Et la Sécurité sociale ? Comment repenser le cycle conventionnel de la vie (jeunesse, vie active, retraite) ?