Le XIXe siècle : colonisation et libre-échange imposé
Ceci est un article issu de livre L'essentiel de l'histoire économique publié en 2017 par Arnaud Labossiere.
La colonisation
« La politique coloniale est fille de la politique industrielle » avance Jules FERRY en 1885 pour justifier la colonisation. Il ajoute : « La consommation européenne est saturée ; il faut faire surgir des autres parties du globe de nouvelles couches de consommateurs ».
Les années 1880 sont donc celles du rush colonial où les puissances européennes se partagent le monde (à l’exception de l’Amérique latine, chasse gardée des États-Unis depuis la déclaration de la doctrine MONROE en 1823). En 1885, la grande conférence de Berlin définit les règles de la colonisation.
Vers 1914, on peut estimer que la course est terminée. L’Empire britannique couvre à lui seul 25 % des terres émergées du monde. Dans les colonies anglaises africaines, Londres confie la gestion des territoires à des compagnies à charte, comme la Royal Niger Company créée en 1879.
La colonisation est critiquée par ses contemporains, à commencer par Karl MARX qui dénonce le « pillage colonial » en ceci que « la richesse coloniale n’a qu’un seul fondement naturel : l’esclavage » (Le Capital [vol. 2], 1885).
Un « libre-échange imposé »
Les puissances coloniales forcent les pays contrôlés à s’ouvrir au commerce. C’est le cas du Japon, ouvert de force par l’Amiral Matthew PERRY en 1854, avec le traité de Kanagawa. L’historien Paul BAIROCH (Mythes et Paradoxes de l’histoire économique, 1994) analyse ces ouvertures commerciales forcées comme un « libre-échange imposé » d’autant plus préjudiciable que les pays dominants restent, eux, très protectionnistes. Autrement dit, les pays dominés et colonisés doivent ouvrir leur marché aux entreprises des pays européens, mais elles n’ont pas en contrepartie le même accès à leurs marchés.
Le bilan que BAIROCH dresse de la domination commerciale et politique exercée au XIXe siècle par les pays européens sur le futur tiers-monde est sans appel. Non seulement la colonisation n’a pas été une bonne affaire pour les puissances coloniales, mais elle a profondément retardé le processus d’industrialisation et de développement des pays dominés. L’historien conclut que « si l’Occident n’a guère gagné au colonialisme, cela ne signifie pas que le tiers-monde n’y ait pas beaucoup perdu ».