XIXe siècle : la naissance de l’idée des unions régionales

Ceci est un article issu de livre L'essentiel de l'histoire économique publié en 2017 par Arnaud Labossiere.

L’Allemagne depuis le Zollverein

Trente-huit États allemands créent en 1834 le Zollverein (littéralement « union douanière allemande »). Il deviendra progressivement une union monétaire avec l’adoption du Thaler comme monnaie d’échange. Dans son Histoire financière de l’Europe occidentale (1986), Charles KINDLEBERGER n’hésite pas à parler à propos du Zollverein de « la réussite du XIX^e siècle ».

Néanmoins, cette union et la coopération qui en découle inquiètent les pays voisins. Klemens von METTERNICH, le ministre des Affaires étrangères autrichien, déclare par exemple à propos de l’union créée qu’elle est « au plus haut point désavantageuse et une entité nouvelle qui n’augure rien de bon » pour l’Autriche qui n’en est pas membre.

Le Zollverein préfigure l’union des États allemands et la création de l’Allemagne en 1871, derrière la Prusse. Ces deux étapes permettront à l’Allemagne de devenir une puissance motrice de la deuxième révolution industrielle et d’occuper une place de plus en plus importante dans le commerce international. Entre les années 1880 et la Première Guerre mondiale, sa part dans le commerce mondial passe en effet de 8 à 12 %, tandis que celle de la France décroît de 10 à 8 %.

L’Union latine, ou l’anticipation d’une Europe monétaire (voire politique)

En 1865, la France, la Belgique, la Suisse et l’Italie signent une convention pour créer l’Union latine. L’objectif est de favoriser la coopération, cette fois monétaire, entre les nations autour du bimétallisme or-argent. Cette union constitue une véritable avancée dans la mesure où les monnaies des pays membres pouvaient circuler et avoir un cours légal dans les autres pays.

L’homme d’État Félix ESQUIRIOU DE PARIEU, contemporain de l’union, y voit un « prélude aux fédérations pacifiques du futur » et propose la création d’une monnaie commune européenne baptisée « Europe ». Il décrit une Union européenne, au sens institutionnel du terme, qui serait fédérale et dirigée par une commission (Principes de Science politique, 1870).